CAN 2025 – Maroc : Mohamed Fakhir décrypte la liste de Walid Regragui

Mohamed Fakhir

À une semaine du coup d’envoi de la Coupe d’Afrique des Nations, que le Maroc accueillera du 21 décembre 2025 au 18 janvier 2026, Walid Regragui a dévoilé une liste de 28 joueurs, dont deux réservistes, pour mener les Lions de l’Atlas dans une compétition où ils figurent naturellement parmi les favoris.

Placés dans le groupe A avec les Comores, le Mali et la Zambie, les Marocains aborderont le tournoi avec une sélection mêlant continuité, expérience et jeunesse ambitieuse.

Pour analyser en profondeur cette liste, Foot-Maroc a sollicité Mohamed Fakhir, ancien sélectionneur national, qui nous livre une lecture technique riche, structurée et totalement assumée.

Hakimi est un pari logique : même diminué, il change la physionomie d’un match

Dès l’entame de son analyse, Mohamed Fakhir revient sur le choix ayant suscité le plus de débats :

L’intégration d’Achraf Hakimi, malgré sa blessure, n’a rien d’un pari risqué. C’est un pari calculé. Ce joueur possède un impact unique. Même à 80 %, il apporte leadership, profondeur et agressivité offensive. Regragui prépare clairement deux plans : avec Hakimi et sans lui.

Selon Fakhir, la présence du latéral parisien permet au staff de maintenir une structure offensive forte — et, s’il venait à manquer les premiers matchs, d’activer une alternative en repositionnant Mazraoui sur le couloir.

Mazraoui et Salah-Eddine : un couloir gauche moderne que Belammari ne peut offrir aujourd’hui.

Pour Fakhir, le choix du sélectionneur sur le flanc gauche n’est pas un simple tri, mais une vision.

Mazraoui : le latéral hybride

Mazraoui n’est pas un latéral classique. Il peut rentrer à l’intérieur, participer à la première relance, créer des supériorités dans l’axe. C’est un élément clé dans le modèle de jeu de Regragui : sortir proprement du pressing adverse.

Anass Salah-Eddine : le profil de percussion

Jeune, rapide, vertical, extrêmement juste dans les transitions, Salah-Eddine est capable d’apporter des solutions offensives constantes. Dans une CAN où le Maroc fera face à des blocs compacts, ce profil devient précieux.

Pourquoi Belammari n’est pas dans la liste principale

Belammari reste un défenseur solide et discipliné, mais son profil est plus traditionnel. Aujourd’hui, Regragui veut des latéraux capables de construire, pas seulement de défendre. C’est pour cela qu’on le retrouve en réserve et non parmi les options primaires.

Saïss apporte une dimension émotionnelle et stratégique que personne ne peut remplacer

Interrogé sur la présence de Romain (Ghanem) Saïss, Fakhir n’hésite pas :

Saïss est indispensable. Pas uniquement pour son niveau, mais pour ce qu’il représente : leadership, gestion du vestiaire, maîtrise des moments chauds. Avec des défenseurs jeunes autour de lui, sa présence est une garantie de stabilité.

Le technicien voit en Saïss le métronome d’un secteur défensif appelé à assumer un rôle majeur dans une CAN jouée à domicile.

Un milieu taillé pour dominer la CAN : équilibre, technique et volume de jeu.

Fakhir observe que Regragui a construit un milieu extrêmement équilibré, capable de changer de rythme selon le contexte du match.

Sofyan Amrabat : le régulateur

Il protège, il oriente, il stabilise. Aucun autre joueur n’offre cette capacité à tenir la structure défensive.

Azzedine Ounahi : le créateur de déséquilibres

Avec ses prises de balle et ses conduites vers l’avant, Ounahi est l’arme principale pour casser les lignes.

Ismaïl Saibari : la puissance contrôlée

Un joueur moderne : intensité, projection, finition. Il donne une dimension physique et tactique au milieu.

Bilal El Khannouss : le cerveau du jeu

Son intelligence fait la différence. Quand les matches deviennent serrés, c’est lui qui débloque les angles morts.

Nayel El Aynaoui : la discipline tactique

Toujours juste, toujours bien placé. Un joueur que tout entraîneur rêve d’avoir.

Oussama Targhalline : le lien entre les lignes

Capable de jouer en pivot bas comme en relayeur plus haut. Une pièce qui donne de la souplesse structurelle.

En attaque, Regragui a voulu la variété… et assumé deux paris forts.

Le secteur offensif marocain est sans doute le plus riche en profils.

En-Nesyri & Kaabi : deux avant-centres complémentaires

En-Nesyri apporte volume, jeu aérien et fixation. Kaabi, lui, est un attaquant d’instinct, capable de surgir dans les petits espaces. Leur complémentarité donne plusieurs lectures offensives à Regragui.

Rahimi, Ezzalzouli, Akhomach : l’imprévisibilité

Trois joueurs de percussion capables d’éliminer, d’accélérer et de faire basculer un match sur une action.

Les choix Diaz et Ben Seghir sont assumés : ce sont des joueurs qui gagnent des matches, même en méforme.

Mohamed Fakhir insiste longuement sur la présence de deux joueurs discutés : Brahim Diaz et Eliesse Ben Seghir.

Brahim Diaz

Son temps de jeu au Real Madrid a peut-être diminué, mais pas son intelligence. Il reste un joueur créatif, techniquement supérieur, capable de faire la différence dans les matches fermés.

Eliesse Ben Seghir

C’est un diamant brut. Même s’il joue moins à Leverkusen, son potentiel n’a aucune équivalence dans l’effectif. Regragui sait que ce genre de joueur peut changer le cours d’un match à tout moment.

Pour Fakhir, ce sont des paris assumés et parfaitement justifiés dans une compétition où un éclair technique peut valoir une qualification.

Conclusion de Mohamed Fakhir : « Une liste ambitieuse et pensée pour gagner à domicile »

L’ancien sélectionneur conclut avec conviction :

Ce groupe n’est pas construit pour participer. Il est construit pour gagner. Regragui a pris des risques mesurés : compter sur Hakimi, faire confiance à la jeunesse, intégrer des talents irréguliers mais exceptionnels comme Diaz ou Ben Seghir. Tout cela traduit une volonté claire : jouer la CAN pour la remporter.

Et il ajoute :

Si le Maroc parvient à gérer la dimension physique et à clarifier tôt le rôle d’Hakimi, il sera extrêmement difficile à battre chez lui.